Judith Joy Ross est une photographe, essentiellement une portraitiste, américaine « explorant des thèmes tels que l’innocence de la jeunesse, les visages du pouvoir politique et le bilan émotionnel de la guerre ». Elle réalise sa première série photographique suite à la mort de son père en 1981. Cet événement la décide à réaliser des photographies dans l’ Eurana Park, à Weatherly en Pennsylvanie, près de la maison familiale, où son père aimait l’emmener autrefois se baigner et jouer. « Ça a été mon premier projet : photographier des enfants dans ce parc, l’endroit le plus paisible du monde. Parce que le monde des adultes n’était que douleur » explique-t-elle ultérieurement. Elle utilise un appareil photo 20×25 monté sur un trépied et ses portraits sont réalisés sur papier par contact, un procédé par lequel une épreuve est réalisée en plaçant un négatif directement sur du papier photographique, puis en l’exposant à la lumière du soleil.
Judith Joy Ross n’ouvre pas de studio photo ni ne répond à des commandes. Pendant plusieurs années, elle ne vit pas de ses travaux photographiques et doit travailler comme femme de ménage. Et puis « un jour, j’ai reçu une bourse importante. J’ai quitté mes ménages, du jour au lendemain, comme Cendrillon ! ». Elle a reçu en fait plusieurs aides financières et distinctions durant son parcours de créatrice, telles une bourse Guggenheim de la John Simon Guggenheim Memorial Foundation en 1985. Elle fait l’objet d’exposition dans des institutions et galeries du monde entier, notamment au MoMA à New York, au Musée d’Art moderne de San Francisco, au Musée des beaux-arts du Canada à Ottawa, et à Paris en 2022.
Les détails en disent long sur le regard concentré de Ross. « Pour moi, faire une photographie est tactile », dit-elle. « C’est sensuel. Je trouve la beauté qui réside dans les circonstances ordinaires du quotidien. Je ne transforme pas cette banalité, cependant. Je l’enregistre. »
On sent que la photographie lui a donné un moyen d’exister. « Je m’intéresse juste aux gens, mais je ne veux pas trop m’approcher d’eux », dit-elle. « Je les garde à bout de bras avec la caméra. C’est comme un charme magique. C’est un plaisir si intense de photographier des étrangers car, à ce moment-là, vous pouvez les voir de manière si intime. C’est un peu fou, mais j’aime certaines de ces personnes même si je ne les ai jamais revues ».
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